Et si on se posait les questions les plus évidentes : à qui profite le crime ? qui a intérêt à ce que Sabikia disparaisse ? La réponse la plus simple est le Colonel Azali. Mais la réponse est trop simple car dans sa dictature rien n’arrive s’il n’y trouve pas son intérêt le premier étant de conserver le pouvoir. La réponse est dans l’évidence : qui est gêné par l’existence d’une voix insoumise et porteuse d’espoir au village d’Ouzioini ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit au vu des charges ridicules portées contre elle. Le Colonel lui-même a été surpris par autant de manque d’imagination :

- Complot contre l’autorité de l’État ;
- Manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ;
- Complicités , et complicité de quoi et dans quoi, ce n’est même pas clair.
Idaroussi, l’aimé parmi les aimés ne savait quel mensonge dire pour calmer la colère misogyne de l’oncle tout puissant, qui se sentait insulter qu’on puisse prétendre qu’une « femme » puisse faire tomber sa dictature. C’est quand même le résultat de 10 ans de réflexion. Sans s’en rendre compte l’aimé commença à s’en prendre à Jounaid Soilihi qui comble du ridicule ne se trouvait pas dans le bureau au tour du Saint des saints de la dictature.
C’est que le beau Jon (pour les fans!) avait fait beaucoup de promesses, dont la plus hasardeux a été de promettre le village d’Ouzioini dans un plateau d’argent. Il a vendu un beau projet au bon moment. Ibrahim Sidi en prison, ce serait comme voler une sucette à un enfant. C’est ainsi que débuta la guerre de Jon contre Sabikia.
Mais quel est le crime de Sabikia dans cette histoire ?
D’abord, de ne pas se soumettre à la prétendue toute puissante famille d’Ouzioini (les Mchangama et Mkanzile, seule bénéficiaires de la dictature à Ouzioini et naturellement les seules à soutenir la dictature, avec plus de 10 nominations sous la dictature ce serait bête d’être contre même si le prix a été la mort du commandant Fayçal : leur enfant, leur frère, leur cousin, leur fils, etc).
Ensuite, une première démonstration de force qui va en inspirer d’autre dans le village. Pendant les pseudos présidentielles leur « first dame » a annoncé un meeting à Ouzioini, Sabikia comme la majorité des femmes du village ont décidé que trop c’est trop : « nous ne voulons pas d’eux à moins que ce soit pour la libération de Sidi et de Fayçal».
Et en effet, les femmes d’Ouzioini ont tenu parole puisque 90% des femmes ne se sont pas déplacées. Honteuse, leur first dame n’a trouvé aucune femme d’Ouzioini pour l’introduire et aucune pour le kalimati shukra. Sabikia n’a fait qu’annoncer sa volonté de boycott mais au final elle a seulement dit tout haut ce que beaucoup avait décidé en leur fort intérieur : « ce village n’est pas à vendre pour des postes politiques. Si pour les siens Fayçal à un prix, il est tout autre pour ses frères et soeurs d’Ouzioini. Aucun enfant d’Ouzioini n’a de prix ».
Cela fut la première mise à nue du beau Jon. La deuxième mise à nue ne fut pas le fait des femmes, ou je ne sais pas puisque cela n’a pas été revendiqué. Mais pour Jon ça reste quand même la faute de Sabikia. Lors de la campagne pour leurs emplois fictifs pour des jeunes dont la souffrance est réelle, le beau Jon avait pour projet de faire passer la caravane du mensonge à Ouzioini accompagnée par le dictateur en chef.
La réponse fut nette et sans bavure : refus de la notabilité pour la venue du colonel et produit chimique mal odorant sur l’ensemble des places publiques et foyers. Le Colonel a reculé et la caravane est passée à Ouzioini. Si Sabikia obsédait Jon avant, maintenant elle en avait inspiré d’autres. Il réuni donc son état major d’Ouzioini et un plan fut concocté.
Première Étape une tentative de l’acheter avec un poste politique. La réponse nous la connaissons toutes et tous. Deuxième étape, attaquer la mère à défaut de la militante : Jon en maître absolu de la fonction publique fait des démarches pour la muter dans une autre île mais d’autres lui ont expliqué que c’était trop voyant.
En revanche, ses enfants vont à l’école à Moroni, elle enseigne à Ouzioini, il faudrait l’éloigner d’Ouzioini (son village natale où se trouve son foyer familial) en la mutant à Foumbouni. La distance Moroni-Foumbouni ne lui laissera aucun répit pour exister à Ouzioini. Alors ce fut fait ! Mais rien n’y fit Sabikia. Elle ne se découragea pas.
Elle aurait peut être due se décourager car elle n’aurait pas été envoyée enseigner aux rats dans une cellule à ciel ouvert et en tant de pluie ça peut servir de citerne. Et puis, un jour une idée lui vient à l’esprit, une pensée pour son cousin Fayçal.
« Et si Sabikia suivait le même chemin que Fayçal ?»
L’idée n’a pas eu besoin de germer longtemps. Et en regardant de plus prêt, la méthode utilisée pour Fayçal est recyclée pour Sabikia. Alors que le beau Jon n’était que DG de la fop, le régime lui a demandé de sacrifier un enfant d’Ouzioini s’il veut un poste ministériel. Alors le beau Jon n’a pas hésité une seconde. Fayçal est exécuté et la même lâcheté est applicable contre Sabikia.
Mahamoudou Ali
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