Avant tout propos et qu’elle que soit la suite de ce parcours footballistique, comme chaque Comorien attaché à la fierté de la Nation et tout ami des Comores, je me dois de me joindre au concert des félicitations plus que méritées au coach, son staff et toute l’équipe des Cœlacanthes pour cette triple avancée historique !

En effet, obtenir la qualification pour la CAN et renouveler une victoire avec éclat face au Ghana (un quadruple champion d’Afrique) pour parvenir aux 8e de finale de la compétition à l’échelle continentale, c’est bel et bien un triple exploit qui fait la fierté et redonne de l’espérance à notre archipel que la chanson populaire qualifie avec humour de « petit pays sans lumière mais prêt au défi ». N’en déplaise à la mauvaise gouvernance qui sévit et voudrait empêcher nos « îles de la lune » de briller avec tout leur potentiel.
Toutefois, il importe surtout de retenir quelques enseignements de cette expérience qui donne chaud au cœur, dans un contexte de marasme économique et de déperdition en termes des repères sociaux et de valeurs morales qui fondent le vouloir vivre ensemble.
En premier lieu, il conviendrait de noter que ce succès est l’œuvre de personnes comme Amir Abdou, Kassim Abdallah, El-Fardou, Ben Boina et autres qui, depuis la période de la Présidence de la FCF par Tourqui Salim et le management par Ben Amir Saandi, n’ont compté que sur leur foi, leur attachement au pays de leurs parents avec son drapeau et son hymne, ainsi que leur sueur, leur abnégation et leur détermination à se confronter avec brio à des talents internationaux plus expérimentés, plus célèbres et bien mieux lotis en ressources.
Tel est leur engagement à être à la hauteur de l’Amour offert en masse et avec passion, chaque fois qu’ils foulent le sol national de leurs pieds devenus précieux aux yeux de tout un peuple. Un bel exemple de construction collective, avec patience jusqu’à maturation, en apprenant à livrer chacun le meilleur de soi-même pour faire face aux obstacles solidairement et à se relever mutuellement devant les échecs et des défaites qui sont mères du succès futur. Sachant aussi que Répondant souvent de la manière la plus inattendue aux prières de Ses croyants, « Dieu Est avec les endurants » !

Une optique qui a su donner du temps au temps, en privilégiant la disponibilité et la conviction qu’il s’agit non pas d’un projet au profit de la fulgurance de quelques étoiles filantes mais d’une montée en puissance, progressive et qualitative, pour parvenir à convaincre que, comme disait Mandela, « le seul combat perdu c’est celui qui n’a pas été mené (…) et on ne peut réaliser que le succès était effectivement possible que lorsqu’on a atteint l’objectif fixé ».
Une démarche aux antipodes de la culture du « sindekina » laquelle, au lieu de signifier une volonté d’accomplissement en commun, voudrait inculquer à notre jeunesse le reniement de nos traditions ancestrales de solidarité et de travaux d’intérêt général, en vue de les remplacer par la primauté à l’ego, à l’insouciance, à la vanité du bling-bling et surtout à l’enrichissement express, sans aucune créativité notable ni mérite particulier.
Se nourrissant davantage du mimétisme, par la fraude aux examens comme aux élections, le népotisme dans les promotions au sein des administrations et entreprises publiques, ainsi que la corruption et les trafics en tous genres érigés en modèle de réussite matérielle qui se confondrait avec l’ascenseur social dans l’échelle des valeurs du vivre-ensemble.
Enfin, parmi les leçons à retenir, et ce n’est point la moindre, les enfants d’une diaspora laborieuse traitée avec mépris de « laveuse de chiottes » ont redonné ainsi du sens à l’Honneur, en misant sur ce qu’on apprend dès l’enseignement primaire, à travers une fable de La Fontaine, à savoir que seul « le travail est un trésor ».
À la classe politique et aux businessmen de s’en inspirer pour sortir le partenariat public-privé du cadre d’un slogan creux, en recréant un climat susceptible de faire prévaloir le droit, le savoir-faire et le mérite pour se projeter dans une vision qui ferait émerger les Cœlacanthes du développement durable.
Si un dialogue national devrait avoir lieu, avec un réel et sincère souci d’écriture d’une nouvelle page de l’Histoire du pays, à l’instar de celle qui s’écrit à travers les artistes du ballon rond alliés à ceux de la musique qui brillent tout autant, ce serait bien de réaliser enfin que le devenir et la richesse de nos îles, dans leur unité et leur diversité consistent à investir sur des institutions et des infrastructures susceptibles de promouvoir une jeunesse consciente et patriotique associée à une diaspora compétente et valorisée. En attendant, ne boudons point le plaisir de cette percée tant espérée du Very Piya.
À chacun d’apprécier à sa juste mesure la portée du succès de l’équipe nationale, et de savourer ce moment de bonheur partagé, pour espérer que cela puisse esquisser les perspectives d’une cohésion nationale et sociale malheureusement si mise à mal par un appareil d’État sans boussole autre que le pouvoir d’un seul que même les siens qualifient de désorienté !
SOILIH M.Soilih
Président du Mouvement Démocratique Alternatif pour l’Innovation et l’Ecologie – MDAIE

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