Oumara Mgomri est promu SSG du nouveau Gouvernement du Colonel Assoumani Azali, ayant rajouté sur son palmarès de dictateur putschiste, le titre d’usurpateur. Une promotion, juste après infligé au pays un black-out, faute de stocks de carburant. Retenons donc un peu sur cette problématique stratégique pour le pays que constitue la gestion de la Société Comorienne des Hydrocarbures, sa dernière responsabilité de personnage connu pour son intransigeance face à toute revendication sociale, tant des personnels que des citoyens-consommateurs.
Apres 48h de black out total (en raison de l’exigence du fournisseur Total qui réclamait près de 4 millions d’euros avant toute livraison, tout en positionnant un bateau en vue, non loin du Port de Moroni, sis à coté des fûts et du siège de la SCH !), la SCH avait pu s’approvisionner momentanément auprès des revendeurs en haute met et fournir du Gasoil à la SONELEC. Un petit répit pour éviter que la population excédée ne pointe trop du doigt les 100.000 euros du Nième voyage inutile d’Azali et sa délégation à un sommet (celui de la SADC), pendant que le citoyen-consommateur tirait la langue face aux pénuries et à la flambée des prix des produits alimentaires. L’Etat assume ensuite le manque à gagner, par crainte d’une révolte populaire déjà vécue sous Azali1 et se concluant par des tirs à balles réelles devant la résidence du Colonel-Président, à Itsandra.
Mais, faisons donc un peu de rétropédalage dans l’histoire de la SCH (avec son alter-ego La société d’électricité qui ne cesse de changer de nom et de DG, sans sortir du fossé).
Sous A.Abdallah, il arrivait que la SCH comble ses déficits et sert de véritable vache à lait de l’Etat, en bénéficiant alors de l’aide du Koweït et de la Lybie (ne demandant parfois que le paiement du navire). La SCH avait même pu introduire 5 FC/litre sur sa structure de prix pour permettre à l’Etat d’assurer des bourses aux étudiants à l’ENES (Nvouni) et l’INE (formation des d’enseignants) ainsi que ceux à l’étranger (Ce n’était pas encore des milliers). Par contre, on mit fin à l’existence d’internat et de cantine scolaire dans les lycées publics et à l’école Nationale d’Enseignement Supérieur (ENES– Nvouni)
Cependant, il est possible que les 5fc/litre figurent toujours sur la structure de prix du carburant, même si la bourse d’études supérieures n’apparait plus sur la loi de finances. Toujours est-il qu’al-marhum M.Mradabi, sous-officier de l’Armée française (qui s’occupa de la sécurité d’A.Abdallah durant son exil et rentra au pays pour contribuer à la préparation de la chute d’Ali Soilih avec le Cdt Ahmed), devint Colonel et DG, gérant ainsi la SCH en « bon père de famille ».
Au passage, il put créer aussi sa propre Enterprise de terrassement, récupérant des marchés routiers, au détriment des Travaux Publics lui sous-louant les engins, avant de pouvoir s’équiper. Cette situation persista jusqu’à l’arrivée d’almarhum Président Taki qui se retrouva sous une telle pression produite et entretenue par le séparatisme avec en prime une gouvernance tâtonnante, au point que, selon le FMI, 70% du budget de l’Etat ne concernaient que des dépenses liées aux problèmes politico-institutionnels. Le pays vécut ainsi presque 2 ans de délestage au quotidien.
Sous Azali1 et malgré la crise des compétences entre l’Union et les Îles, les équipes des 2 colonels de Moroni et de Mutsamudu pouvaient traiter ensemble de la gestion des hydrocarbures (à l’hôtel Itsandra) laissant les Elbakistes à Ngazidja crier aux hutoimus, pendant que Mohamed Bacar disposait donc des principaux stocks à Mirontsy, créa EDA (Electricité d’Anjouan) et ORIZON (pour l’importation de riz).
Mais, dans cette gestion cacophonique, il y eut une crise telle que le gouvernement décida une hausse brutale des prix à la pompe, entrainant une flambée des prix des produits alimentaires, y compris de la baguette.
ROBOKILO YA WUBU
Maoulana Charif, alors Ministre (et doctorant en Economie) déclara sur Radio-Comores que les villageois n’avaient qu’à s’arranger pour envoyer quelques personnes aux marchés pour les courses de toutes les familles de chaque localité et si besoin se contenter d’un quart de kilo de riz pour du bouillon. Il reçut le quolibet de M.Robowo-kilo ya ubu. Le lendemain, le peuple était dans la rue.
Msaidie (alors Dircab d’Azali) fut attaqué à son domicile par des jeunes qui s’arrosèrent avec sa petite cave et ses habits vendus à 1 euro/pièce au marché de Volo-Volo, juste à coté.
Elbak crut pouvoir aller à pied de son domicile jusqu’a son bureau à Mroudjou. Les jeunes d’Itsandra l’aspergèrent de sable de la plage, de la têteau pied. Avant de se rendre devant le domicile d’Azali qui se trouvait à l’étranger.
Mais, l’ordre fut donné de tirer à balles réelles sur ces jeunes qu’il a fallu ensuite évacuer en urgence à l’extérieur. Msaidie trouva comme justification le fait que l’AND ne disposait pas de balles en caoutchouc.
Devant cette situation quasi-insurrectionnelle, les 3 présidents des iles proposèrent au VP Caambi Al-yachourtoui ayant l’intérim de prendre le pouvoir avec leur soutien. Il se contenta d’annuler les mesures de hausse des prix pétroliers.
Azali put rentrer mais considéra qu’il ne pourrait plus faire confiance ni au Colonel Campagnard (alors Chef d’Etat-major qui préféra chercher un dialogue avec les présidents des iles) ni à son VP qui, par la suite, déclara qu’il serait candidat pour la Tournante anjouanaise mais sans la CRC, parti présidentiel plus impopulaire.
Sous Sambi, ce fut une erreur monumentale.
Ayant pris en compte une possibilité offert par l’Iran (alors sous embargo international) de disposer de cargaisons de brut à raffiner au Yémen, pour puiser une partie pour nos petits besoins énergétiques et revendre la plus grosse quantité directement au Port d’Aden pour nos besoins financiers. Ahmed Abdallah Salim (alias Ahmed Hydro) rompit le contrat avec Total, avant d’avoir reçu un seul litre du pétrole iranien.
Résultat : une rupture immédiate de stock.
Apres quelques approvisionnements auprès de petites sociétés sous-traitantes au Kenya et en Tanzanie, ainsi qu’auprès de revendeurs en haute mer, il dut revenir vers Total.
Evidemment, celle-ci profita pour monter les enchères en supprimant toutes les petites facilités accordées et exigea surtout le paiement immédiat de 4 millions d’euros d’arriérés !
Du déjà vu donc, n’est ce pas ?
Les caisses de la SCH étant vides, l’Etat a dû empruntée pour ne pas dire réquisitionner, des fonds de la SNPSF, MECK et Sanduk, avec la garantie de la Banque Centrale des Comores, pour payer le fournisseur et rembourser progressivement les Banque créancières, avant que la SCH ne puisse récupérer un centime. Malheureusement, la direction continua à mêler gestion d’entreprise et activités politiques et laissera à la fin du mandat un déficit de près de 10 millions d’euros !
De vache à lait, la SCH devint un gouffre…
La seule solution consista alors à recourir à une vieille pratique de passe-passe en écritures comptables. Comme la SCH vend à prix préférentiel a la société d’électricité qui consomme presque 2/3 de la commande de gasoil (ce qui n’empêche pas le consommateur comorien de payer le kWh le plus cher au monde !) et que l’Etat ne paie pas de facture pour les administrations et, en plus, se fournit en carburant pour les véhicules administratifs à tous les échelons sans rien payer, tout se fait sous forme de « trocs compensatoires », entre les consommations d’Etat et les impôts non payés.
SCH sous IKILILOU
Sous Ikililou et devant le gouffre laissé par Ahmed A.Salim dit « A.Hydro », le choix de DG fut porté d’abord sur Houssein Cheikh Soilih, un ancien de la BCC, ancien Ministre sous un gouvernement de transition qui ne trainait pas de casserole. A la retraite, il créa un cabinet d’audit avec un partenariat international reconnu. La gestion parut rigoureuse mais sans initiatives de développement, pendant que les institutions financière internationales (notamment le FMI et la Banque Mondiale) préconisaient des formes de privatisation des sociétés d’Etat, y compris la SCH.
Un 2e choix se fit sur le Colonel Aboubakar Cheikh. Parallèlement, un autre choix de Colonel-DG fit à la société d’électricité (à l’époque Mamwe) en l’occurrence Soilihi Mohamed dit Campagnard, pour remplacer Oumara Mgomri (tiens, tiens ! Toujours lui à Comores Telecom, Mamwe pendant que son épouse dirigeait la SNPSF et maintenant encore lui à la SCH et finalement comme SGG, à la place de « M. Tonton m’a dit »)
Les 2 colonels n’ont accepté les postes qu’à la condition de ne pas avoir à s’occuper de questions purement politiques dans leur gestion respective. Une clarification fut faite entre le Ministère des Finances, celui de l’Energie, l’Agence Nationale de Promotion des Investissements (ANPI) et la SCH. L’Etat eut ainsi recourt à un partenaire international qui ne recherchait pas un gros profit, tout en étant particulièrement crédible: la BID (Banque Islamique de Développement) dont les Comores sont membres.
Elle s’engagea dans un processus consistant à payer à l’avance chaque commande de la SCH, avec un intérêt de 1% seulement pour elle. A la condition d’assister à toute négociation avec un fournisseur. Ce fut la fin des retro-commissions qui faisaient qu’auparavant entre le fournisseur, le banquier et les intermédiaires, la SCH se retrouvait avec des intérêts et pénalités à payer, autour de 20%. Au moment de quitter la SCH, non seulement toute dette fut liquidée mais, en plus, le Colonel A.Cheikh laissa un bilan positif de 6 millions d’euros !
Malheureusement, la nouvelle gouvernance en place depuis 2016 ne pouvait supporter 2 hommes, 2 colonels de même promotion que leur homologue devenu Chef d’Etat de la manière que chacun sait. 2 personnalités qui pouvaient et savaient dire NON ! Dans le cas de S.Mohamed dit Campagnard, ce fut sa dénonciation de nouveaux moteurs achetés à plus de 7 milliards, à la va-vite et de gré à gré, dont il a dit que c’était de l’occasion repeinte à neuf.
Les deux hommes furent donc vite demis de leur fonction respective et le contrat avec la BID fut rompu, pour revenir aux habitudes d’antan, avec gestion erratique et retro-commissions. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on en arrive à la même situation chaotique.
CORONAVIRUS
Avec une circonstance aggravante : la pandémie mondiale de covid19 qui chamboule toutes les économies, avec encore plus d’impacts pour les pays pauvres. Avant ce black-out, on estimait que les économies africaines reprennent du souffle, à l’exception des Comores, pourtant moins touchées par la crise sur le plan sanitaire. Avec les pénuries successives qui deviennent chroniques en ceci et/ou cela, le citoyen-consommateur n’aurait-il qu’à lever les mains au ciel pour implorer Le Tout Puissant, avec le fameux slogan du mouvement Adrikny ?
Ce fut possible, peut être à un moment où une manifestation ne conduisait pas forcement sur la tristement fameuse « moto ». Désormais, un arrêté d’un Préfet interdit des réunions, même dans un lieu privé… Et vive l’Emergence ! Sauf qu’a, à partir de l’Initiative de l’Association Mabedja, la diaspora et ses collectifs de manifestants pour l’Etat de Droit a décidé de se rendre au bled pour protester contre la vie chère, les violences, les violations des libertés publiques. A suivre…
Salam-politis.com
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