Monsieur le Ministre, mes chers compatriotes,
Nous voici après 3 années de lutte acharnée contre l’instauration de la dictature aux Comores. Malheureusement les perspectives de la chasse de « ces usurpateurs », sont loin d’être établies. La faute est à notre désunion ; car entre la diaspora comorienne, qui bénéficie de la liberté d’actions et d’opinion et la classe politique qui a l’expérience et la popularité du terrain, le courant ne passe pas. Cela se traduit par un dialogue de sourd aujourd’hui dont la population comorienne paie une lourde tribu. La communauté internationale, témoin de toutes actions menées à l’extérieure par la diaspora, a du mal une fois sur le terrain, à faire la jonction les discours qu’elle entend des dirigeants de l’opposition et les écrits reçus de la Diaspora en lutte.
Souvent, nos écrits, s’ils reflètent tous, la souffrance dont le peuple comorien est victime, oublient les liens fondamentaux entre ceux qui agissent à l’extérieur et ceux qui ont la capacité de faire bouger les lignes à l’intérieur. C’est pourquoi, votre visite, Monsieur le Ministre, a une importance capitale à commencer par lever ces ambigüités afin que cette lutte du peuple comorien, trouve un visage et une orientation digne pour mettre fin à cette dictature galopante.
Il est vrai que dans les luttes de libérations, puisqu’il s’agit d’une, il y a plusieurs qui peuvent nous servir d’exemples mais je n’en citerai que deux.
Le premier est la lutte de libération du Zimbabwe où deux mouvements armés contre l’occupant ont su transcender leurs divergences idéologiques pour cibler leur ennemi commun, une fois la victoire, ils se sont tournés vers le peuple qui a choisi Mugabe comme Président et celui-ci a opté pour une gouvernement d’union nationale intégrant toutes ces composantes de la lutte.
Le deuxième est le cas de l’Angola où la encore deux mouvement de libération dirigés successivement par Agostino Neto et Savimbi, ont fait le choix de lutter contre l’ennemi commun et s’entretuer en même temps. Après la victoire contre leur ennemi la guerre s’est poursuivie entre frères ennemis.
La diaspora comorienne, à l’exemple de l’Appel de Paris, ne veut pas de cette configuration. Elle saisit donc cette occasion pour lancer un appel vibrant à l’ensemble de l’opposition comorienne, pour constituer une force d’actions concertée pour dégager les voies et les moyens du départ de cette dictature et laisser par la suite le peuple choisir librement ses dirigeants.
S’agissant du gouvernement de transition qui sera consécutif à ce départ, la composante qui aura le plus d’engagement et la tactique décisive, aura la lourde tâche de présider un gouvernement d’union nationale.
Pour terminer, il est nécessaire d’évoquer le sujet d’actualité du piège du dit Dialogue nationale. Nous avons plusieurs expériences qui nous permettent de tirer les leçons de manière limpides. A l’exemple du dialogue inter comorien qui a abouti à l’accorde cadre de Fomboni. Avez-vous oublié que me chef de la délégation de l’opposition s’appelait Houmedi Msaidié, ancien secrétaire général du MDP, avez-vous oublié que le Trésorier du comité de suivi s’appelait Mohamed Assoumani, issu du parti Shuma, avez-vous oublié que le Président du comité de suivi s’appelait Mtara Maécha ?
Qu’en est-il sorti de la signature de l’accord cadre ? Msaidié a rejoint le pouvoir, démontrant ainsi que toutes les positions défendues au nom de l’opposition n’étaient en fait que des feux de pailles. Azali a réussi à faire passer ses idées à travers son opposition. Quant à Mohamed Assoumani, on a vu qu’au lendemain de la signature, il a quitté son parti, larguant la direction du SHUMA. S’agissant du Dr Mtara Maecha, s’il n’a pas trahi les convictions de son parti, sa mégarde lui a poussé à proposer de confier la souveraineté temporaire du peuple à l‘OUA et à la Francophonie, lesquelles n’ont pas manqué de valider une élection qui n’en était une, et qui a désigné Azali Président en 2002.
Moralité, il ne peut y avoir dialogue qu’avec des gens honnêtes. Si Dialogue devait y avoir, à partir du moment où le mandant présidentiel s’est achevé le 21 mai 2021, Azali doit remettre sa démission et laisser le pays sous une co-présidence gérée conjointement et équitablement entre le pouvoir actuel et l’opposition. Faute de quoi, il ne peut y avoir dialogue avec un gouvernement illégitime.
Cette position défendable devant l’opinion internationale doit être le point de rassemblement ou de divergence entre les partisans du régime et ceux qui l’opposent. Toute autre considération est une forfaiture qui conduira inéluctablement à un échec et une légitimation d’un régime aux abois.
Comoriens de tous pays,
Notre rôle est d’amener notre pays à rentrer dans les rangs de la démocratie et vers un état de droit : « DAULA YA HAKI ».
Nous ne cèderons ni aux sirènes du pouvoir, ni aux tromperies de l’opposition. Nous voulons une unité réelle de l’opposition dans les actions et la concertation. Nous ne demandons pas à être la locomotive de cette lutte, mais nous refusons d’être un auxiliaire dans cette lutte. Notre œuvre doit être unitaire et concertée dans le respect des rapports de forces établies. La diaspora comorienne est une entité à part comme l’est chaque île et demande à être traité comme telle.
Vive les Comores libres et unies,
Vive la République des Comores.
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