
Rencontre du 19 Octobre 2022 avec le F.C.F.V à Moroni
Front Commun des Forces Vives « F.C.F.V»
LIMINAIRE
Depuis son accession à l’indépendance le 6 juillet 1975, l’Archipel des Comores a été marqué par 3 périodes distinctes :
- Une période qui s’étale de 1975 à 2001 marquée par instabilités institutionnelles et qui a abouti à une grave crise séparatiste de 1997 à 2009. Et le premier coup d’Etat militaire du Colonel Azali ASSOUMANI
- Une 2e période de 2002 à 2016 marquées par une relative stabilité politique des alternances démocratiques mais déjà soumises à des révisions constitutionnelles fondamentales. Cette période a été précédée par l’Accord de Fomboni, consacrant l’autonomie des Iles et une unité nationale que le débarquement de Ndzouani a scellé.
- La constitution de 2001 consacre la Tournante et l’autonomie large des Iles
L’AVENEMENT DE LA DICTATURE
Dans le but de reformer le système, la génération qui a déclaré l’indépendance unilatérale en 1975 inspiré par la conférence nationale sur le Consensus Historique, a réclamé et obtenu l’organisation d’ Assises Nationales qu’elles souhaitaient Inclusives en réunissant toutes les forces vives du pays pour un bilan des 45 ans de souveraineté.
Il s’était agi de détecter les insuffisances tant internes, économique et qu’institutionnelle, afin de tracer une futur prometteur pour nos générations à venir. En garantissant le modèle institutionnel et le mécanisme de suivi de l’accord de Fomboni sous la supervision de la Communauté internationale.
Le but était affiché de corriger les méfaits visibles d’une organisation institutionnelle administrative et politique qui favorisait un système à la fois corrompu et budgétivore qui aggravait l’appauvrissement des populations et empêchait les Comores de s’inscrire dans la voie du développement attendu.
En réponse à ces revendications et à ces aspirations légitimes, l’avènement du Président Assoumani Azali en 2016 va briser tous les piliers de l’accord de Fomboni en révisant drastiquement la constitution de 2001 en la vidant de sa substance et en détruisant les acquis de 17 années de stabilité relative par des mesures autoritaires et anti constitutionnelles par simple voie règlementaire ou verbale.
- La suspension de la Cour Constitutionnelle ;
- La suspension de la Commission Anti-Corruption ;
- La suspension de la Commission d’Etude des Marchés Publics ;
- La suspension des Conseils d’Administration des Sociétés d’Etats, etc.
Les Assises Nationales seront une parodie d’assises inclusives et a été boycotté par les principaux partis représentés à l’Assemblée Nationale, dans les Conseils des Iles et les Conseils Municipaux ainsi que par les organisations de la société civile.
Le 30 juillet 2018, Azali Assoumani organise un référendum dont la participation est estimée à moins de 10%, selon les observateurs internationaux, suivi le 24 mars 2019 par l’élection présidentielle dont le bourrage des urnes le matin en ouverture, a provoqué le saccage des bureaux des votes, la révolte spontanée du peuple et la répression sauvage qui s’en est suivie aboutissant à des assassinats au camp militaire de Kandani.
Les observateurs de l’Union Africaine à ce scrutin, sont partis sans rapport ni conférence de presse suite à la tenue de cette mascarade électorale de 2019, que ça soit pour l’élection présidentielle ou celle des Gouverneurs des îles, le même jour.
Depuis cette échéance, le pouvoir dictatorial du Colonel Assoumani continu de s’imposer par la force et parallèlement se développe à l’intérieur comme à l’extérieur la contestation. Le Président est aujourd’hui persona non grata dans de nombreuses localités de l’Archipel et fait, il fait l’objet d’interdiction morale et religieuse que les évènements de Mbéni avenus le 12 octobre 2022 viennent conforter.(La violence de l’armée aux ordres du Président pour suspendre une manifestation coutumière, religieuse et l’expression de la liberté de conscience a atteint son apogée et contribuant une nouvelle fois après les évènements de Ntsoudjini à un nouveau cycle de violences et de terreurs assumées) les graves consquences de ces actions disproportionnées et intimidantes sont des villas incendiées, une trente des blessés parfois à balle réelle, la grande mosquée saccagée, les bâtiments publics détruits dont l’hôpital et ses équipements par l’armée).
SUR LE PLAN ECONOMIQUE,
Au slogan électoral d’Assoumani Azali 2016 « un jeune, un emploi» L’investiture de l’ancien putchiste le Colonel Azali s’est accompagnée de licenciements de plus de 6000 jeunes du secteur public et parapublic.
Malgré la hausse vertigineuse de nombreuses taxes et autres impôts , malgré les cérémonies et autres communication pour déclarer les Comores pays à revenus intermédiaires, l’insolvabilité de l’Etat a atteint un niveau jamais égalé ans l’histoire des Comores indépendantes.
La suspension des Conseils d’Administration dans les sociétés d’Etat a créé un climat des affaires nefastes ou le népotisme fait face à une recrudescence de la corruption et à un affaiblissement de ces entreprises publiques et monopolistiques gérées comme une épicerie familiale.
Conséquence de cette désorganisation administrative, technique et financière, leur faillite est programmée. Plus de conseil, plus de budget, plus de contrôle, plus d’audit, plus de bilan. Résultat aucune société ne contribue aux recettes de l’état. Les fleurons de l’économie comorienne, sont aujourd’hui renflouées pour faire face notamment à la pénurie de riz, comme hier à celle des produits carnés ou encore à la récurrence des pénuries des produits des hydrocarbures sans aucune enquête pour les détournements présumés.
Les crises nées du cyclone Kenneth, suivi du COVID 19 et du conflit Russo Ukrainien d’Ukraine ont démontré l’incompétence de ces autorités incapables de gérer ces crises et qui ont été surtout l’occasion pour certains au vu des urgences d’accroitre la corruption et le non-respect des règles de passation de marché Tous les Etats ont su réagir et contribués à soutenir leur population et en prônant des mesures anti inflationnistes Aux Comores cette inflation exponentielle a entainé des ruées sur des produits de première nécessité qui ont conduit à des arrestations arbitraires de femmes et d’enfants
Loin de lutter contre cette pauvreté , le secteur privé et la population manifestent un mécontentement général et les risques accrues d’une nouvelle flambée sociale face à la menace d’une crise économique qui est la conséquence d’une crise institutionnelle inédite aux Comores et un gouvernement dont la légitimité et la légalité sont remises en cause depuis le 26 Mai 2021.
CONCLUSION
Face à cette situation catastrophique au plan politique (assassinat, répression systématique, emprisonnement arbitraire, exilés forcés), au plan économique et social, le Font Commun des Forces, appellent l’Union Africaine :
- A exiger la libération immédiate des prisonniers politiques et le retour de tous les exilés politiques
- A mettre tout en œuvre pour le retour immédiat à la fin de cette crise institutionnelle et à la mise en place d’une période de transition dans le respect strict de l’accord de Fomboni.
- A exiger en conséquence l’organisation des élections qui suivront, sous l’égide de la communauté internationale, appuyer par une armée d’interposition à l’exemple des élections de 2006.
Moroni, le 19 octobre 2022
Le Secrétariat Exécutif du Front commun
Des forces vives contre la dictature
Ahmed Hassane El-Barwane
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