Mémorandum d’étonnement sur le silence à connotation d’indifférence des autorités Emiraties sur les accusations qui ont causés l’emprisonnement à vie de l’ex président Mohamed Abdallah Mohamed Sambi aux Comores.
Madame Hend El-OTAIBA, ambassadrice des Emirats Arabes Unis à Paris.
Les comoriens sont là aujourd’hui mercredi 30 novembre 2022, devant vos portes, pour manifester leur étonnement devant le silence de votre pays, un silence pour le moins inquiétant, mais aussi dépouillé d’humanisme et d’objectivité et qui a causé l’emprisonnement a vie de l’ex président Mohamed Abdallah Mohamed Sambi.

En effet, l’ex président Mohamed Abdallah Mohamed Sambi, après avoir consulté son gouvernement et obtenu le vote d’une loi à l’Assemblée de son pays, l’ancien président, en accordant des passeports comoriens aux BIDOUNES des Emirats Arabes Unis, pensait, selon lui, enraciner une fraternité entre les deux pays.
Une fraternité fondée sur le fait de partager un les symboles de sa nation, avec des ressortissants d’un pays ami. C’est comparable à quelqu’un qui donnerait son sang à un frère. Vos autorités ont-ils compris l’aspect fraternel du geste du gouvernement comorien de l’époque?
Votre silence ne vous ressemble pas et n’est pas la voie de la religion que nous partageons. Un musulman ne peut pas laisser le mensonge tuer un être vivant et de sur croix un autre musulman.
Votre pays est pourtant au cœur de ce dossier, puisque non seulement ce programme a été initié entre les autorités comoriennes et les plus hautes autorités de votre pays, mais en plus le rapport parlementaire frauduleux qui est servi comme acte d’accusation, affirme dans ses pages que les autorités de votre pays ont reconnu avoir commis un acte de corruption à l’adresse de l’ancien président Sambi, chose que ce dernier nie absolument mais dont le silence des autorités émiraties sur cette accusation grave, est un aubaine pour ceux qui l’ont séquestrés depuis bientôt 5 ans.
L’opinion internationale, la population comorienne, les organisations politiques d’opposition et de la société civile, tous témoins impuissants de cet acharnement contre les anciennes autorités comoriennes, sont surprises et fortement choquées du silence de votre pays. Pourtant principal acteur de ce programme auquel vous affichiez hier votre attachement le plus élevé.
En effet, je vous rappelle qu’au cours du mois d’avril 2008, le ministre de l’Intérieur des Émirats Arabes Unis s’est personnellement rendu aux Comores à la tête d’une délégation. Sa visite, qui s’inscrivait dans le cadre des négociations alors en cours sur le Programme de Citoyenneté Economique, montre, si besoin était, l’intérêt que les plus hautes autorités de votre pays, accordaient à ce Programme.
De même quand en avril 2011, le Programme a été interrompu suite à la rupture avec Bachar Kiwan, les mêmes autorités n’ont pas manqué de faire pression et plaider pour sa reprise.
Ensuite, il s’est poursuivi pendant les cinq ans du mandat de l’ancien président Ikililou Dhoinine (2011- 2016).
Et même en l’état actuel, le gouvernement du président Azali Assoumani continue d’imprimer des nouveaux passeports et de renouveler les passeports de ceux qui les avaient obtenus précédemment. Ceci pour souligner l’intérêt que les autorités des Émirats ont toujours accordé au Programme de Citoyenneté Economique.
Le 11 décembre 2017, certains membres de la Commission Parlementaire, qui a produit le rapport accusateur, s’étaient rendus aux Émirats.
Le faux rapport parlementaire, qui circulera par la suite sur les réseaux sociaux, affirme que la délégation a rencontré des autorités des Émirats sans jamais préciser de qui il s’agissait.
Selon ce faux rapport, car dénoncé par trois des cinq membres qui composaient la commission, ces autorités auraient révélé des cas de corruption mettant en cause l’ancien président.
Bien que les autorités émiraties aient eu connaissance de ces accusations portées contre les anciennes autorités comoriennes et par ricochet contre elles-mêmes, ils n’ont pas jugé nécessaire de réagir. Ils ont laissé salir l’honneur et la réputation de l’ancien président et livrer des anciens vice-présidents et ministres à la persécution et au règlement de compte politique. Comment peut-on comprendre cela ?
Pourtant, les Émirats ont une ambassade à Moroni. Ils ne peuvent pas prétendre ignorer la situation selon laquelle, leur pays a servi d’huile pour bruler vif l’ex président Ahmed Abdallah, pour un simple combat politique. Le colonel putschiste et dictateur Assoumani Azali n’a qu’un seul objectif ; se maintenir au pouvoir. Malgré tout cela, aucune réaction de votre pays n’a été enregistrée.
Aujourd’hui, ceux qui opposaient l’initiative de ce programme sont ceux qui, au pouvoir aujourd’hui, se précipitent à Abu Dhabi pour quémander aide et assistance.
L’indifférence des autorités de votre pays, sur le sort de l’ancien Président Sambi, étonne profondément et à juste titre.
Evidemment, on peut évoquer le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays tiers. Mais que dire quand ces autorités émiraties sont nommément accusées d’être des corrupteurs par ce faux rapport accusateur?
Au-delà du cas de l’ancien président, c’est aussi l’honorabilité des Emirats et leur réputation qu’ils auraient défendues. Sans compter le devoir de transparence et de clarification vis-à-vis de l’opinion publique comorienne à qui on a expliqué que des milliards de dollars de votre part ont disparu.
Enfin, au nom de cette fraternité, les autorités émiraties n’ont-elles pas manqué au devoir d’assistance à personne en danger vis-à-vis de l’ancien président Sambi?
En effet, même en étant poursuivi par la justice de son pays, il y a eu un manque criant d’humanité et beaucoup d’injustice. Surtout que même étant malade et il n’a toujours pas été autorisé à aller se faire soigner et ce, malgré une autorisation du juge. Car son rival, le peureux Assoumani pour battre son adversaire il doit l’attacher.
Nous remercions au passage, certains pays voisins qui n’avaient aucun intérêt direct dans cette affaire, comme la Tanzanie, pour s’être inquiétés du sort réservé à l’ancien président. L’Union européenne a aussi à plusieurs reprises, soulevé le cas de l’ancien Président.
En juin 2019, M Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture a tenté de lui faire une visite dans son lieu de détention, mais en refusé par le régime exécuteur. Une situation dénoncée par plusieurs organisations internationales. Et les Emirats, principal partenaire et bénéficiaire de ce programme, rien. Aucune mission de bons offices ni humanitaire.
Les autorités de votre pays, notamment le ministère de l’Intérieur d’Abu Dhabi semblent avoir adopté une attitude d’indifférence et une distance qui étonnent et choquent.
Pendant plus de quatre ans, le Président Sambi a été détenu sans jugement.
Evidemment, tout le monde souhaitait qu’un procès équitable puisse se tenir afin de mettre fin à cette détention provisoire arbitrairement longue et tirer enfin cette affaire au clair. Mais au lieu d’organiser un procès, ils ont tout simplement complotés son passage à la guillotine. En effet, c’est d’ores et déjà une nouvelle injustice flagrante que d’envoyer une affaire instruite au pénal devant une juridiction d’exception.
Aujourd’hui, une Cour de Sureté de l’Etat, créée dans les années 80 sous un régime répressif et inspirée des méthodes coloniales, juge des crimes politiques et non des accusations de délits. De plus cette Cour n’existe tout simplement pas dans l’ordonnancement judiciaire du pays.
Une nouvelle injustice a semé des graines dans notre pays sous votre vent. C’est pourquoi nous avons tenu manifester devant votre ambassade et vous écrire pour saisir votre pays acteur dans l’assassinat programmé de l’ex président Sambi et des anciennes autorités politiques comoriennes par le dictateur Assoumani Azali.
L’Histoire reste seule juge et Allah le Tout Puissant en est témoin. Et une nation n’est grande que lorsque qu’elle sait se souvenir. Merci.
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