MÉMORANDUM
Des comoriens de la diaspora, sur la situation en Union des Comores.
(A l’occasion de la 77e session de l’AG des NU)
Plus de 3 ans après le coup d’état électoral du 24 mars 2019 suivi d’une répression sanglante, contre tous ceux qui s’opposent à la déstructuration des institutions issues de l’Accord cadre de réconciliation nationale du 17 février 2001 , la Communauté Internationale ne peut que constater que les mesures prônées pour sortir du climat de défiance de l’opposition politique, de la société civile et de la diaspora comorienne à l’égard de la gouvernance actuelle sont mises sous paillasson par le pouvoir illégitime et illégal qui perdure, au-delà de l’échéance du mandat présidentiel constitutionnellement prévue le 26 Mai 2021.
De ce constat, il en résulte diverses raisons pour lesquelles le Front Commun des Forces Vives et les différentes composantes de l’opposition comorienne opposèrent un refus à un Dialogue dit National, tel que décrété par le pouvoir de fait.
En effet, sans aucune concertation autre que celle de ses partisans et sans prendre nullement en compte les préoccupations mises en exergue par les organisations internationales et partenaires au développement concernant les prisonniers politiques, le non respect de la liberté d’expression, ainsi que l’ensemble des libertés publiques comme d’autres violations permanentes des droits de l’homme et du citoyen, le tout, hors de tout cadre juridique et judiciaire.
Par souci de clarté et de concision, le présent mémorandum, ne met en évidence que les deux principaux éléments suivants :
- L’exigence, par les forces politiques et la société civile en partenariat avec lescollectifs de la diaspora mobilisés depuis 200 semaines de manifestations, du rétablissement de l’ordre constitutionnel impliquant une Présidence tournante et l’Autonomie des îles. C’est une condition incontournable pour le retour à la cohésion nationale et sociale, préalable à tout programme de développement humain durable.
- La nécessité impérieuse dune implication forte de la Communauté internationale, face à la défiance généralisée envers la personne du Colonel putschiste Assoumani Azali dont les principales caractéristiques sont la fourberie, le non respect des engagements pris, ainsi que la répression brutale et sanglante érigés en mode de gouvernance.
Pourtant malgré les problèmes inhérents à un Petit État Insulaire pauvre et soumis aux aléas climatiques, l’Union des Comores avait pu parachever le programme dit de l’IPPTE et allait enfin, pouvoir se consacrer aux Objectifs du Développement Durable des Nations Unies et à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, tout en réalisant trois alternances démocratiques, à tous les échelons (Présidence de l’Union, Assemblée Nationale, Gouvernorats, Conseils des Îles autonomes et communes).
Malheureusement, à son retour au pouvoir le 26 Mai 2016, après une élection particulièrement tendue, le Colonel Assoumani Azali décida de considérer que cette expérience institutionnelle stabilisatrice et démocratique (malgré ses limites) n’est qu’une sorte de « garrot sur une blessure déjà guérie » et dont il fallait se débarrasser.
Dès lors, il institua une gouvernance clanique et erratique qui a abouti à une corruption généralisée renforcée par l’impunité, la faillite des entreprises publiques et la dégradation accélérée des conditions de vie, conduisant le pays au bord d’une famine inconnue dans l’archipel depuis près d’un demi-siècle d’indépendance.
Ainsi, dès son retour au pouvoir, après 10 années durant lesquelles il n’a subi aucune restriction à sa vie publique ou privée, il ne tarda pas à reprendre et amplifier ses pratiques d’antan, notamment par:
- l’emprisonnement sans aucune forme de procédé de l’ex Président Sambi, du Gouverneur élu Abdou Salami et autres personnalités ayant contribué à sa réélection, croyant à sa propagande mensongère selon laquelle, il aurait tiré des leçons de ses expériences négatives ;
- la généralisation des arrestations et des pratiques de torture contre les opposants ;
- la suppression par un acte règlementaire de la Commission Nationale Anti-corruption et de la Cour Constitutionnelle remplacée par une Cour Suprême dont il est le seul à nommer tous les membres ;
- les assassinats des gradés dans des camps militaires, ainsi que du Président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), sans que la Justice soit saisie de la moindre enquête
- etc…
C’est dans un tel contexte que l’opinion nationale exprima sans réserve sa vive réprobation contre les propos scandaleux du Représentant comorien auprès de votre auguste institution, en charge de l’éducation, la science et la culture, saisissant l’occasion d’une cérémonie sociale à caractère religieux, pour prôner la vendetta face à toute personne qui s’en prendrait à son oncle qui est le Chef d’état-major d’une armée qui réprime quotidiennement la population pour lui interdire l’usage des libertés publiques et constitutionnelles, d’expression et de manifestation.
En guise de conclusion :
Une telle gouvernance ne peut donc que contribuer a enfoncer un pays parmi les plus pauvres au monde et qui subit, ces dernières années, encore davantage une dégringolade sur le classement à l’échelle internationale du Doing Business, tout comme au sujet de la corruption par Transparency Internationale et le non respect des libertés par Reporters Sans Frontières, ainsi que les condamnations régulières par le Conseil des Droits de l’homme.
Dans un contexte sous régional marqué par l’émergence des violences armées, en particulier du djihadisme, l’ensemble des forces engagées dans la Résistance contre la dictature aux Comores, qui se trouvent au pays et dans la diaspora ne sauraient qu’envisager une Conférence Nationale de Sortie de Crise, permettant une Transition Démocratique vers le rétablissement d’un ordre constitutionnel, garantissant la stabilité, la cohésion nationale et sociale, ainsi que la démocratie et la bonne gouvernance.
C’est le seul issu, en vue d’une concertation légitime, en cohérence avec les ressources du pays et en partenariat avec la coopération internationale bilatérale et multilatérale.
Fait à Paris le 22 Septembre 2022
Pour la diaspora comorienne de France.
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