Hier 10 septembre l’ancien gouverneur de Ngazidja a rencontré le dictateur Assoumani Azali à Beit-Salaam. Par cette rencontre Mouigni Baraka a fini par rendre publique ce qui n’était depuis au moins trois ans qu’un secret de polichinelle.
Depuis 2019 en effet, des rumeurs d’abord puis des informations récurrentes et de plus en plus persistantes et précises faisaient état de rencontres secrètes, derrière le dos du peuple, entre Mouigni Baraka et Assoumani Azali. L’intéressé multipliait cependant les dénégations et ses déclarations aux allures présidentielles aux côtés du drapeau national ont pu un temps donner le change en le faisant passer pour le plus ferme adversaire de la dictature.
A l’intérieur du camp anti-dictature il assurait les services d’agent patenté d’Assoumani Azali en élevant obstacle sur obstacle, soulevant de faux débats pour retarder la lutte, créant toutes sortes de coteries pour diviser les rangs des combattants, animant de petits clans et montant les uns contre les autres, à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Face à cette situation, les dirigeants du Front commun ont, pendant toute cette période, fait preuve d’une grande patience et ont toujours refusé de verser dans le jeu de la division.
Devant l’échec de ses manoeuvres et intrigues, aujourd’hui il lève le masque.
Son ralliement à la dictature avec armes et bagages s’est déroulé par étapes :
Première étape, le regretté Mufti Saïd Toihir (paix à son âme) a tenté de jouer les intermédiaires.
Deuxième étape, un groupe de notables a été envoyé en éclaireurs.
Troisième étape, le terrain étant déblayé sa garde rapprochée, dirigée par l’ancien député Oumouri Madi Hassani, dépose ses bagages dans le camp de la dictature à l’occasion du mal-nommé dialogue national.
Quatrième et dernière étape, Mouigni Baraka franchit le rubicond et fait son entrée du reniement et de la honte chez Assoumani Azali accompagné de quelques amis pour cacher son isolement.
Cette trahison de Mouigni Baraka prend un relief singulier et d’autant plus scandaleux qu’elle intervient précisément au moment où la gouvernance mafieuse de la dictature a conduit le pays dans une grave crise politique, sociale, économique et morale comme jamais il n’en a connu depuis l’accession à l’indépendance.
Elle intervient au moment où le pays, surtout Anjouan, est tenaillé par une terrible crise de pénurie de denrées de première nécessité qui affament les petits gens et tout le peuple ; au moment où, rejetant la fatalité, le peuple prend d’assaut les magasins de stockage du riz en affrontant les forces de répression ; au moment où ces forces de répression brutalisent violement des manifestants et gazent des quartiers entiers à Anjouan assassinant ainsi des enfants; au moment où la révolte gronde de toutes parts et menace les fondements de la dictature.
Pour sa part, la direction du Front Commun des Forces Contre la Dictature a fermement décliné l’invitation à rencontrer Assoumani Azali, refusant ainsi de lui servir de caution à la veille de son départ pour New York, où il doit prendre part à la traditionnelle Assemblée Générale des Nations Unies. La photo de la poignée de mains, des sourires et des petites tapes entendues entre Muigni Baraka et Assoumani sera elle, dans les bagages de la délégation de la dictature.
Aucune explication, aucune justification ne peut donc atténuer le choc politique et la dimension traitresse de la rencontre de samedi 10 septembre, au quartier général de la dictature, entre Mouigni Baraka et Assoumani Azali. Les combattants de la liberté qui luttent, depuis tant d’années pour un Etat de droit, au prix de morts, de blessés et d’exilés, ne pourront jamais oublier ce coup de poignard donné dans le dos de leur combat.
Même rejointe par Mouigni Baraka, la dictature n’a pas d’avenir, et, aussi vrai que le soleil se lève à l’est, la Démocratie, la Liberté et l’Etat de Droit triompheront.
Moroni, le 11 septembre 2022
Le Secrétariat Exécutif du Front Commun
Des Forces Vives des Comores Contre la Dictature
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