Les conflits intercommunautaires deviennent de plus en plus récurrents dans le pays et minent de ce fait, la cohésion sociale et le vivre ensemble. Ils prennent des proportions inquiétantes et insoutenables en ce sens qu’ils engendrent des violences aux conséquences désastreuses pour les populations et leurs biens. Ce syndrome du chauvinisme qui, d’aucuns appellent « nationalisme de cité » prend ses racines dans des domaines divers et variés tels que le foncier ou encore les activités sportives notamment le football, pose de sérieux défis à notre pays. A ceci s’ajoute une délinquance juvénile combinée à une désillusion générale d’une jeunesse désoeuvrée face aux problématiques de l’emploi et du chômage. Des vies humaines sont perdues et des biens saccagés, compromettant ainsi le développement local de nos villages et régions et par ricochet celui du pays. Le manque à gagner pour la paix et la stabilité du pays est difficilement quantifiable et son impact sur la sécurité est difficilement mesurable.
Les événements survenus le dimanche 13 décembre 2020 aux termes d’un match de football opposant des équipes de Mtsamdou et d’Itsinkoudi dans notre région, viennent nous rappeler l’extrême nécessité de mobiliser tous les moyens requis pour arriver à bout de ce phénomène. En effet, la violence aveugle et meurtrière née de ces incidents coûte chère. Elle coûte chère pour nous contemporains et fera payer – si rien n’est fait – un lourd tribut aux générations futures et à la nation tout entière.
Notre maison commune – cette région de Oichili qui nous a fait naître et que nous aimons tous – brûle. Oui nous demeurons impuissants face à ces dérives d’une violence rare et aux conséquences multiples. Et face à notre inaction collective, nous prenons le risque d’être traité collectivement « responsables » par l’Histoire et par les générations futures. En effet, nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas. Cela étant, nous devons nous soulever tous comme un seul homme et à l’unisson, contre cette barbarie, contre cette violence et dire surtout à notre jeunesse, plus jamais-çà. Ainsi, réunis les 05 et 20 août 2021 à Sadani – Oichili, les cadres de la région relèvent ce qui suit :
• Conscients des conséquences néfastes qui pourraient résulter de ces conflits intercommunautaires et leurs conséquences désastreuses sur la cohésion sociale et le vivre ensemble ;
• Conscients des capacités locales que regorge la région, susceptibles de résoudre de façon endogène aussi bien en termes de prévention que de gestion de ces conflits ;
• Considérant la nécessité de promouvoir le vivre ensemble et l’impérieuse nécessité de préserver la paix en évitant toute action de nature à dresser les uns contre les autres ;
• Convaincus que les valeurs et les vertus qui nous unissent sont plus importantes que les vices qui nous divisent ;
Eu égard à ce qui précède et conformément à ce constat, les Cadres de la région de Oichili recommandent ce qui suit :
• Demander aux deux localités impliquées dans ce conflit (Mtsamdou/Itsinkoudi), d’arrêter les hostilités dans les meilleurs délais au nom de la paix et la stabilité de la région et faire naître ainsi, l’espoir et la sérénité requis, pour une reprise du dialogue entre les deux parties ;
• Mettre en place une structure locale permanente (durable), de prévention et de gestion des crises qui pourrait porter la dénomination « Goba la Salama pour la prévention et la gestion des crises ». Cette structure se déclare politiquement neutre et n’obéit à aucune directive autre que celle décidée en Assemblée générale des cadres de la région de Oichili. Un comité provisoire de cette structure est déjà en place et formalisera sa pérennisation à travers une charte constitutive, des statuts et d’un Plan d’action pour les mois et années à venir ;
• Etablir très rapidement une cartographie exhaustive des conflits ouverts ou potentiels dans la région et déployer les ressources requises en vue de les résoudre avant qu’ils ne dégénèrent.
• Collaborer de façon étroite avec les différentes parties prenantes notamment les autorités locales, les notables et les cadres de la région, dans la résolution de ces crises, et les exhorter à faire plus preuve de retenue, d’objectivité et d’impartialité, en sachant se placer au-dessus de la mêlée dans toute intervention, et jamais en étant à la fois juge et partie.
• Demander aux forces de l’ordre (gendarmerie et police nationale), à la justice et aux pouvoirs publics de faire preuve de responsabilité, en garantissant une justice équitable et impartiale à toutes les parties qui s’estiment lésées dans ces crises, en vue de prévenir les dérapages et les tentations de plus en plus fréquentes de se faire justice soi-même, liées notamment à la défaillance de notre système judiciaire.
M. Youssoufa Abdou
Président du comité provisoire de la structure
Goba la Salama pour la prévention,
la gestion des crises et la consolidation de la paix
Fait à Sadani, le vendredi 20 août 2021
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